Chine en Question

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Archives de Tag: Sinophobie

Chinois de France et racisme anti-asiatiques


 

Depuis l’assassinat du couturier chinois Chaolin Zhang en 2016 à Aubervilliers, les médias et les pouvoirs publics ont pris conscience de l’existence d’un racisme anti-Asiatiques au sein de la société française. L’expression de ces préjugés culmine en 2020 lorsque la pandémie de Covid-19 frappe le monde. La révélation décomplexée des sentiments antichinois en France dévoile un mécanisme d’essentialisation encore peu étudié.

S’appuyant sur une enquête de terrain menée depuis 2009 jusqu’à nos jours, cet ouvrage dresse un portrait fin des trajectoires migratoires et politiques des populations chinoises en France, ainsi que des mobilisations antiracistes qui ont émergé dans la jeune génération. En suivant les parcours de Qian, Pierre, Alexandre, Ailing et Lin Chong, le lecteur arpentera tantôt les rayons des épiceries du quartier de Belleville, tantôt les allées des marchés grossistes d’Aubervilliers, en passant par les salons de manucure et les sous-sols qui abritent les ateliers de confection. Dans ces lieux méconnus s’élève la voix d’une nouvelle génération qui refuse de rester silencieuse et se lance dans une aventure politique inédite.

Trente ans après la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », la contestation de ces jeunes perçus comme « Asiatiques » peut-elle faire évoluer les regards sur les inégalités ethnoraciales au sein de la société française ?

CHUANG Ya-Han, Une minorité modèle ? Chinois de France et racisme anti-asiatiques, La Découverte, 2021 [Texte en ligne].

Lire aussi :
• 19/05/2020, CHUANG Ya-Han, Sinophobie et racisme anti-asiatique au prisme de la Covid-19, De facto.
• 17/09/2020, Mission d’information sur l’émergence et l’évolution des différentes formes de racisme et les réponses à y apporter, Assemblé nationale.
• 24/03/2021, Racisme anti-asiatique, Ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances.
• 21/04/2021, À l’origine du racisme anti-asiatique, France Culturevidéo.
• WANG Simeng, Illusions et souffrances – Les migrants Chinois à Paris, Rue d’ULM, 2017 [Compte-rendu : DiasporasÉmulationsLecturesRevue européenne des migrations internationales].
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62% des Français ont une image négative de la Chine


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Penser l’actualité, marcher à contre-courant.

 

Le racisme persiste en France, toutes opinions politiques confondues, contre les descendants des colonies du Maghreb (spécialement les Algériens), d’Afrique et d’Asie. Aujourd’hui, propagande Covid-19 oblige, les Chinois sont l’objet d’une hostilité croissante. L’enquête, menée par l’Université tchèque Palacký d’Olomouc en partenariat avec l’Institut français des relations internationales (IFRI), montre que 62% des Français ont une image négative de la Chine.

L’exemple vient d’en-haut comme l’analyse Jean-Paul Tchang :

C’est la diabolisation absolue de tout ce qui se passe en Chine suivant le tempo imposé par la diplomatie américaine, que ce soit sur Hong Kong, le Covid-19, les théories complotistes concernant l’origine du virus. Ça fait des mois et des mois que les médias sont unanimes. Alors on ne s’étonne pas après cela qu’effectivement, l’opinion publique soit profondément influencée.

Les médias français, soi-disant contre Donald Trump, reprennent entièrement à leur compte ses accusations sur le virus chinois car elles collent parfaitement avec le vieux fantasme du péril jaune, construit aux États-Unis en 1881 et repris en France dès 1897.

Les quelques voix, comme celle de Maurice Gourdault-Montagne (ancien ambassadeur de France à Pékin), sont étouffées par le rouleau compresseur de la propagande à la mode de l’im-Monde Charlie :

Nous aurions tort, en Europe et dans le monde occidental en général, de nous servir de la Chine comme d’un bouc émissaire à nos incapacités à remonter la pente.


Pierre Picquart : La Chine est le bouc émissaire, YouTube

 

30/11/2020
Serge LEFORT
Citoyen du Monde et rédacteur de Chine en Question

Lire aussi :
04/02/2020, Ne me demandez plus si le racisme anti-asiatique existe vraiment, Slate.
03/07/2020, CHUANG Ya-Han, Sinophobie et racisme anti-asiatique au prisme de la covid-19, HALInstitut des Migrations.
31/07/2020, Après la Russie, la Chine est-elle devenue l’ennemi public numéro 1 des Occidentaux ?, Sputnik.
10/11/2020, Haine anti-asiatique : « On était déjà une cible pour les délinquants, maintenant on va être une cible pour les racistes », Sputnik.
24/11/2020, L’image de la Chine est « négative » en France, à droite comme à gauche, IFRI – L’im-Monde.
24/11/2020, Mauvaise image de la Chine : le « soft power occidental » a-t-il transformé Pékin en « bouc émissaire » ?, Sputnik.

Jean-Paul TCHANG :
– 21/03/2019, L’invité de 6h20, France Intermp3.

Pierre PICQUART :
– Bio-bibliographie, BNFChine Information
– Entretiens, YouTube.
– 01/01/2005, L’Asie du Sud-Est aujourd’hui, Canal académie.
– 05/05/2015, Dédollarisation et déclin de Bretton Wood ?, Presse-toi à gauche !.
– 2018, La renaissance de la route de la soie – L’incroyable défi du XXIème siècle, Favre.
– 27/09/2019, La Chine et le monde au cours de ces 70 dernières années, Beijing Information.
– 16/10/2019, Pierre Picquart : « Jamais dans l’histoire mondiale, un pays n’aura autant évolué aussi favorablement en 70 années que la Chine », Xinhua.
– 20/02/2020, Pierre Picquart sur la Chine et le coronavirus : « on a une désinformation globale sur la Chine », Sputnikmp3.

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Fluide Glacial et le « péril jaune »


 

La couverture du dernier numéro de Fluide Glacial affiche cette caricature ouvertement raciste avec la légende : « Péril jaune, et si c’était déjà trop tard ? » Elle remplace celle initialement prévue contre les musulmans : « Couscous Jambon ».

Que le racisme anti-musulman ou anti-chinois fasse rire révèle la lepénisation des médias dominants qui, désignant les boucs émissaires d’une crise qui ronge la société française, provoque un repli nationaliste et un intégrisme catho-laïque aussi dangereux que celui des année 30 en Allemagne.

Charlie Hebdo et Fluide Glacial sont des torchons racistes et les pires ennemis de la liberté d’expression qu’ils prétendent défendre car ils l’utilisent pour faire la propagande du choc des civilisations.

21/01/2015
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Choc des civilisations, Monde en Question.
Articles sur le « péril jaune », Chine en Question.
Bibliographie sur le « péril jaune », Chine en Question.
Dossier documentaire Chine/Occident, Monde en Question.
Veille informationnelle 中國 Chine, Monde en Question.

Charlie et « l’invasion des produits chinois »


 

Le racisme ordinaire de Charlie Hebdo, ce torchon qui défend les valeurs de la « civilisation » occidentale, fondée sur le pillage colonial des Amériques, de l’Afrique et de l’Asie.

Lire aussi :
Serge LEFORT, Du « péril jaune » à « l’invasion des produits chinois », Chine en Question.
Dossier documentaire Chine/Occident, Monde en Question.
Dossier documentaire Racisme, Monde en Question.
Veille informationnelle 中國 Chine, Monde en Question.

MO Yan


 

En 2011, la presse fut surprise par l’attribution du prix Nobel de littérature au poète suédois Tomas Tranströmer, presque totalement inconnu en France, alors qu’elle misait sur la victoire du poète syrien Adonis parce qu’il était opposant au régime.
En 2012, la même presse s’indigne de l’attribution du prix Nobel de littérature au romancier chinois Mo Yan parce qu’il n’est pas opposant au régime. Et on peut lire des tombereaux d’idioties à l’image de leurs auteurs qui servent la soupe des médias dominants.

Prenons l’article de Martine Bulard Mo Yan, un Prix Nobel aux deux visages, publié le 12 octobre sur un blog du Monde diplomatique.

Voilà enfin un prix Nobel qui fera plaisir aux autorités chinoises – ou qui, à tout le moins, ne les mettra pas en colère. L’écrivain Mo Yan n’est pas un suppôt du pouvoir, mais il ne figure pas non plus parmi les dissidents.

L’auteure sous-entend que ce prix est illégitime parce que Mo Yan n’est pas un dissident. Elle n’a certainement pas lu les critères de sélection de l’institution. Ils sont pourtant très clairs :

La plupart des noms figurant sur la liste sont éliminés à un stade précoce. Les raisons en sont diverses. Certains des candidats sont des écrivains dont les œuvres ne répondaient pas à l’exigence de valeur littéraire, d’autres peuvent être les auteurs des belles-lettres mais ne possèdent pas la qualité requise, alors que d’autres ont été nominés pour des raisons autres que littéraires (politique, idéologique, nationaliste, etc.).
Source

Elle enchaîne sur une attaque assez sournoise :

Il vit en Chine, où tous ses livres sont publiés – ce qui est somme toute assez rare.

Elle reproche à Mo Yan de vivre et d’être publié en Chine en prétendant que c’est « assez rare » ! Incise grotesque car il y a plus d’auteurs chinois qui vivent et sont publiés dans leur pays qu’à l’étranger. Mais pour l’auteure les bon Chinois sont certainement ces derniers comme les bons Indiens étaient ceux qui peuplaient les cimetières des plaines américaines.

Elle enfonce bien le clou de la suspicion :

Cette fois, dès la nouvelle connue, l’agence officielle Xinhua a donné l’information et rendu hommage à l’écrivain, sans aucune réserve.

Ceux qui lisent les dépêches de l’agence Xinhua savent qu’elle a aussi annoncé sans aucune réserve le prix Nobel de la Paix décerné à l’Union européenne critiquée ailleurs (voir la presse russe).

Il est intéressant de lire dans un article sur Mo Yan, publié par Renmin Ribao l’organe du PCC, que :

Le pays est confronté à un énorme fossé entre les riches et les pauvres, l’aggravation de la pollution de l’environnement et une population vieillissante.

Quoiqu’en dise donc Martine Bulard, la presse chinoise dénonce les « tares du système ».

13/10/2012
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi (bibliographie actualisée le 20/10/2012) :
• 11/10/2012, Mo Yan, prix Nobel de littérature, l’écrivain qui mangeait du charbon…, Rue89.
• 12/10/2012, Mo Yan, nouveau prix Nobel de littérature, Renmin Ribao.
• 12/10/2012, L’écrivain chinois Mo Yan a gagné le prix Nobel de Littérature 2012, Radio Chine Internationale.
• 12/10/2012, Les écrivains doivent aborder les sujets politiques, selon Mo Yan, AFP – Le Point.
• 12/10/2012, Mo Yan et la dure loi du Nobel, Le Monde.
• 12/10/2012, Les artistes engagés en Chine – Mo Yan et les autres, La Vie des idées.
Tout au long du XXe siècle, la référence à la nation a joué un rôle important pour les écrivains chinois. Mais à la fin des années 1980, une décennie encore dominée par les grands récits de l’histoire de la Chine (Mo Yan, Zhang Chengzhi), un changement s’opère : écrivains, universitaires et réalisateurs indépendants s’intéressent de plus en plus aux laissés pour compte du système politique et économique. Sebastian Veg revient sur les premiers signes d’une fragmentation de la société chinoise.
• 15/10/2012, Le Nobel de Mo Yan une reconnaissance bienvenue et méritée mais tardive pour la littérature chinoise, Renmin Ribao.
• 15/10/2012, Mo Yan, Prix Nobel de littérature, Faguowenhua.
• 18/10/2012, Retour sur l’œuvre de Mo Yan, France Culturemp3.
• 19/10/2012, Un Nobel prudent, Revue de presse culturellemp3.
Les médias dominants, sinophobes, nomment toujours la Chine « L’Empire du milieu ». Lire : Serge LEFORT, 中國 zhōng guó, Chine en Question.
• 20/10/2012, Mo Yan a été « très étonné » de remporter le prix Nobel, China Internet Information Center.
• Livres de Mo Yan publiés en France, Actes SudPicquierSeuil.
• Cinq livres de Mo Yan à découvrir, L’Express.
Revue de presse Chine 2012, Monde en Question.
Dossier documentaire Chine/Occident, Monde en Question.

L’image de la Chine dans la pensée européenne du XVIIIe siècle


Le XVIIIe siècle a connu un tournant intellectuel important en Europe, qui a conduit à une nouvelle culture occidentale. L’image de la Chine a joué un rôle non négligeable pendant ce processus. Introduite tout d’abord par les missions en Chine, en particulier celles des Jésuites, la Chine était une référence courante chez les philosophes des Lumières, qui avaient pour but de reconstruire l’Europe. Bien que l’image de la Chine soit déformée chez toutes les écoles philosophiques, des Jésuites au romantisme, la philosophie chinoise a été appréciée par les défenseurs du despotisme éclairé et critiquée par ses détracteurs. Après avoir contribué à la reconstruction du monde occidental, la Chine a commencé à étudier l’Occident en envisageant son relèvement.
Annales historiques de la Révolution française

Cet article est un excellent résumé de la rencontre Occident-Orient via les Jésuites, puis les Dominicains et les Franciscains, et les philosophes. Ces derniers n’eurent pas une connaissance directe de la Chine. Ainsi, « ajustée au cadre théorique de la pensée de Montesquieu, la Chine sert à illustrer le despotisme qui doit être rejeté en France ». Encore aujourd’hui, les sinologues « ne s’intéressent pas à la Chine telle qu’elle est, parce que leur préoccupation essentielle est la reconstruction de la pensée occidentale ».

Enfin, n’oublions pas que la colonisation idéologique des missionnaires précéda la colonisation économique et militaire du XIXe siècle, dont la Chine se relève lentement depuis les années 1980.

20/06/2011
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
Dossier documentaire & Bibliographie Chine/Occident, Monde en Question.
Revue de presse Chine 2011, Monde en Question.

Le « péril jaune » se vend bien


Sélection d’articles récents qui agitent la menace du « péril jaune » :
• 18/08/2010, Le spectre d’un « péril jaune » inquiète Washington, FRANCE 24.
• 02/11/2010, Du péril jaune au péril bleu, chronique d’un fiasco européen, Euros du Village.
• 05/11/2010, Hu Jintao à Paris [REVUE DE PRESSE], NouvelObs.
• 28/12/2010, Péril jaune, La Libre Belgique.
• 05/01/2011, Discours du Péril Jaune, La Chine à notre porte.
• 07/01/2011, Le « péril jaune », vu du bout du monde…, Blog Philippe Jandrok.
• 14/01/2011, Le retour du péril jaune ?, Blog de Charles Gave.
• 02/02/2011, Faut-il avoir peur de l’offensive chinoise en Europe ?, L’Express.
• 03/02/2011, Pourquoi l’expansion chinoise nous fait peur, Les Echos.

Sélection d’articles critiques de l’usage du concept de « péril jaune » :
• 1984, Maurice TOURNIER, Les jaunes : un mot-fantasme à la fin du 19e siècle, Mots n°8.
• 1996, Nayan SHAH, White Label et « péril jaune » : race, genre et travail en Californie, fin XIXe-début XXe siècle, Clio.
• 07/11/2005, Régis POULET, Le Péril jaune, La revue des ressources.
26/12/2005, Serge LEFORT, Du « péril jaune » à « l’invasion des produits chinois », Chine en Question.
• Janvier 2006, Martine BULARD, Fantasmes du péril jaune, Le Monde diplomatique.

Sélection de livres qui agitent la menace du « péril jaune » :
• 1897, Jacques NOVICOW, Le péril jaune, Giard & Brière [GallicaRevue Internationale de Sociologie].
• 1901, Edmond THÉRY, Le péril jaune, Felix Juven [GallicaLes Echos].
• 1904, Ármin VÁMBÉRY, Le péril jaune : étude sociale, G. Ranschburg [Gallica].
• 1904, Austin de CROZE, Péril jaune et Japon, Comptoir général d’éditions [Gallica].
• 1905, Capitaine DANRIT, L’invasion jaune, Flammarion [GallicaLa revue des ressourcesChemins de mémoire ].
• 1910, Jack LONDON, The Tale of the Next Great War, McClure Magazine [Une invasion sans précédent, Politique étrangère n°2].
• 1912, François De TESSAN, Promenades au Far-West, Plon [Journal de la Société des Américanistes].
• 1926, R. d’AUXION de RUFFÉ, Chine et Chinois d’aujourd’hui – Le nouveau péril jaune, Berger-Levrault [Bulletin de l’Ecole française d’Extrême-Orient].

Pour aller plus loin :
• 1974, Gérard HERVOUET, Perceptions occidentales de la Chine contemporaine  : l’analyse de la politique étrangère chinoise dans la littérature spécialisée, Études internationales n°4.
• 1986, Danièle BONNAUD-LAMOTTE, KIM Jung-Wha, Regards sur l’Asie dans trois revues des années trente, Mots n°13.
• 1987, Denise HELLY, Les Chinois à Montréal 1877-1951, Institut québécois de recherche sur la culture, [Revue d’histoire de l’Amérique française n°1Anthropologie et Sociétés n°2].
• 1991, Thanh H. VUONG, Stratégies technico-commerciales asiatiques, Études internationales n°3.
• 2001, Lucie BERNIER, Fin de siècle et exotisme : le récit de voyage en extrême-Orient, Revue de littérature comparée n°297.
• 2001, Gérard SIARY, Images et contre-images de l’extrême-orient au Japon et en Occident, Revue de littérature comparée n°297.
• 2001, LU Xiaobo, L’avenir des relations sino-américaines, Revue internationale et stratégique n°43.
• 2002, Junzo KAWADA, « Est contre Ouest », Diogène n°200.
• 2003, CHONG Woei Lien, La Chine par elle-même, Critique internationale n°20.
• 2003, Daniel SABBAGH, Le statut des « Asiatiques » aux États-Unis, Critique internationale n°20.
• 2004, Emmanuel PUIG, L’ordre et la menace : analyse critique du discours de la menace chinoise en Relations internationales, Revue internationale et stratégique n°54.
• 2005, Pierre RAJOTTE, L’Orient dans les récits des voyageurs québécois de la seconde moitié du vingtième siècle, Figures et contre-figures de l’orientalisme.
• 2006, Michel KORINMAN, De Pékin à Beijing, Outre-Terre n°25.
• 2007, YU Shuo, Aperçu transculturel des trois rencontres Europe-Chine, Revue du MAUSS n°30.
• 2010, Pierre GROSSER, Comment écrire l’histoire des relations internationales aujourd’hui ? Quelques réflexions à partir de l’Empire britannique, Histoire@Politique n°10.
• 2010, Yann BÉLIARD, Le syndicat des gens de mer contre le Péril Jaune: les ressorts d’une campagne oubliée (Royaume-Uni, printemps 1914), Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique n°11.

Revue des podcasts n°2


Grâce à tous ces petits ouvriers, Là-bas si j’y suis

Aujourd’hui, nous vous emmenons à la rencontre de patrons français qui se sont installés en Chine : bonheur et prospérité à la clé.
« Françaises, Français, encore un effort pour être chinois ! ». Voilà peut-être ce que veulent nous dire ces patrons français…

La Chine vue du bord, Sur les docks – Hong-Kong : 1/4, 2/4, 3/4 – Belleville : 4/4

Le dernier épisode, titré « Belleville : chronique d’une colère jaune ! », a des relents de « péril jaune ».
Lire : LEFORT Serge, Du « péril jaune » à « l’invasion des produits chinois », Monde en Question.

Lire aussi :
• L’actualité des podcasts
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• Chine, France Culture.
Dossier documentaire & Bibliographie Chine, Monde en Question.
Dossier Guide des ressources documentaires, Monde en Question.

La Chine imaginaire


 

Jonathan D. SPENCE, La Chine imaginaire – Les Chinois vus par les Occidentaux de Marco Polo à nos jours, Presses de l’Université de Montréal, 2000.

Depuis sept siècles, la Chine exerce une étonnante fascination sur l’Occident. Dès les premiers contacts, elle est apparue comme un objet de désir plutôt que de connaissance et, très vite, elle est devenue une construction imaginaire et un enjeu des débats internes de l’Occident. C’est l’histoire de la Chine comme l’ont comprise et imaginée les Occidentaux que retrace ici le grand sinologue américain Jonathan D. Spence. Pour rendre compte de cette fascination, il fait appel aux récits des voyageurs, aux systèmes des philosophes, aux rapports des diplomates, aux témoignages des missionnaires et, surtout, aux œuvres des grands écrivains qui, de Mendes Pinto à Italo Calvino, en passant par Voltaire, Segalen et Brecht, ont voulu communiquer leur vision de la Chine. Grossiers ou subtils, généreux ou empreints de préjugés, sobres ou avides d’exotisme, ces documents nous en apprennent finalement autant sur l’Occident que sur la Chine.

Lire aussi :
• Jonathan D. SPENCE, American Historical Association.
• La Chine imaginaire chez l’écrivain français d’origine chinoise et chez le lecteur français : analyse des raisons pour lesquelles les Français sont passionnés pour les œuvres de Shan Sa, Mémoire de Master, IETT.
• Image des Chinois pour les Français de 1871 à 1914, Mémoire de Master, IETT.
• Florent VILLARD, La Chine postmoderne créée par le tourisme, in MICHEL Franck, FURT Jean-Marie sous la direction de), Tourismes et identités, L’harmattan, 2006 [CNRS].
Livres Chine, Monde en Question.
Dossier Chine, Monde en Question.

中國 zhōng guó


Que savons nous de la Chine ? Rien, pratiquement rien. Le volume d’informations quotidiennes est inversement proportionnel à l’importance de ce pays. Yahoo! Actualité est un bon indicateur. En temps ordinaire, ce site publie moins de 5 dépêches par jour, qui sont reprises en boucle par tous les médias dominants. Mais dès que le dalaï-lama s’exprime, les médias dominants se prosternent aux pieds de sa Sainteté, la 14e réincarnation d’une divinité tibétaine, pour recueillir sa parole en copiant-collant les dépêches d’agences [1].

Nous ne savons rien de la Chine ou si peu… parce que la Chine ne fut pas et n’est pas un objet de connaissance, mais de convoitise des puissances occidentales. Christophe Colomb mourut sans savoir qu’il avait découvert l’Amérique car il croyait avoir trouvé le chemin le plus court pour conquérir Cathay, nom donné à la Chine par Marco Polo [2].
La colonisation de la Chine fut donc retardée et finalement réalisée par d’autres puissances occidentales, principalement l’Angleterre et la France entre 1839 et 1949, avec une brutalité non moins raffinée que celles des Conquistadores espagnols. Les chercheurs anglo-saxons, évaluent le nombre des victimes dans une fourchette oscillant entre 120 et 150 millions en un siècle [3]. Il ne faut jamais oublier cette barbarie quand les mêmes puissances occidentales prétendent donner des leçons de démocratie à la Chine.

Nous ne savons rien de la Chine ou si peu… parce que, pour commencer, nous lui attribuons un nom qui n’est pas le sien. 中國 en chinois, transcrit zhōng guó en pinyin, se traduit par « pays du milieu » et non par « empire du milieu » comme on le fait couramment, y compris dans Wikipédia qui comporte beaucoup d’autres erreurs dont l’usage du terme « sinogramme » au lieu de « caractère chinois » [4].
L’usage de l’expression volontairement fautive « empire du milieu », qui induit l’idée de domination voire d’assujettissement, était le lieu commun des colonisateurs et est resté le lieu commun de la propagande des médias dominants.
Pays s’écrit 國 en graphie classique et 国 en graphie simplifiée. 國 est composé de 囗 wéi (enceinte / enclos), 口 kǒu (bouche), 一 yī (le chiffre un) et 戈 gē (lance / hallebarde). 国 est composé de 囗 wéi (enceinte / enclos) et 玉 yù (jade). Ainsi, le mot pays évoque, en graphie classique, un espace délimité par une frontière, protégé par une force militaire et administré efficacement et, en graphie simplifiée, un espace délimité par une frontière et précieux comme le jade [5].

Nous ne savons rien de la Chine ou si peu… parce que la majorité des sinologues français, plus encore les prétendus tels, ont conservé la vision de la Compagnie de Jésus : faire rentrer la pensée chinoise dans le moule de la philosophie occidentale. C’est le cas des contributions de La pensée en Chine aujourd’hui [6] et notamment celle de Joël Thoraval qui annonce sans rire le retour en force d’une certaine forme du pragmatisme américain dans la Chine contemporaine !

Nous ne savons rien de la Chine ou si peu… parce que les médias dominants simplifient à l’extrême comme toujours et surtout parce qu’ils sont unanimes à relayer les idéologies les plus réactionnaires. Conformément à un processus classique d’évolution, les petits maîtres à penser, hier pro-chinois parce que disciples béats du grand timonier, sont aujourd’hui anti-chinois parce que prosélytes zélés du consensus néo-libéral droite-gauche [7]. La réalité chinoise est beaucoup plus complexe, mais qui s’en soucie ?

20/02/2010
Serge LEFORT
Citoyen du Monde

Lire aussi :
• Dictionnaire chinois français – français chinois en caractères simplifiés, Chine nouvelle.
• L’étude des caractères classiques permet de comprendre les subtilités de la langue et donc de la pensée chinoise. Ces deux livres, de lecture facile, constituent une excellente introduction :

– FAZZIOLI Edoardo, Caractères chinois – Du dessin à l’idée, 214 clés pour comprendre la Chine, Flammarion, 1987 et 1993.
– JAVARY Cyrille J.-D., 100 mots pour comprendre les Chinois, Albin Michel, 2008 [DjohiZénith FM].
Dossier documentaire & Bibliographie Chine, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie Cyrille JAVARY, Monde en Question.
Dossier documentaire & Bibliographie François JULLIEN, Monde en Question.


[1] Les médias droite-gauche de la France catho-laïque se complaisent à encenser le dalaï lama, qui est leur héros contre la Chine. Il est vrai que, à l’heure où la démocratie s’exporte à coups de missiles contre le peuple afghan, il est logique que le chef religieux d’un secte puisse incarner à la fois une divinité tibétaine et la démocratie occidentale.


Dalaï Lama, sculpture d’Eugenio Merino

Et l’im-Monde récite son catéchisme : «le traitement réservé à cet homme en Europe et aux Etats-Unis est un marqueur de l’attachement que les Occidentaux éprouvent encore à l’égard des droits de l’homme». Le respect des droits de l’homme, invoqué contre les anciennes colonies, n’est qu’un discours néo-colonial… sans effets.
[2] Le terme grandes découvertes masque la réalité du projet colonial de la Monarchie catholique. La Conquista des Amériques commença en 1492 c’est-à-dire l’année où s’achevait la Reconquista chrétienne des royaumes musulmans de la péninsule Ibérique. La colonisation se traduisit par le vol des terres, le pillage des richesses, le massacre des résistants, l’esclavage et la conversion des survivants, l’imposition des mœurs et coutumes occidentales notamment vestimentaires.
[3] Un bon résumé par Michel TIBON-CORNILLOT : Les guerres de l’opium ou l’écrasement de la Chine, Dedefensa et La Chine en enfer : pillages et génocides blancs, Dedefensa.
[4] Le terme sinogramme ne fut pas inventé par Delphine Weulersse et Nicolas Lyssenko beaucoup le répète par copier-coller. C’est une appellation typiquement coloniale :

En France, il était déjà en usage au XIXe siècle : on le trouve employé, par exemple, dans un article d’Alexandre Ular, Notes sur la littérature en Chine. Il était également utilisé par les auteurs anglo-saxons : ainsi George Ripley et Charles A. Dana dans The New American Cyclopaedia: A Popular Dictionary of General Knowledge, dont l’édition fut entreprise dès 1858. Le premier usage attesté le serait en 1830, en langue latine : « sinogrammatum. » Cette année-là, l’abbé Janelli Cataldo publia un ouvrage dont le titre est : Tabulae Rosettanae Hieroglyphicae et Centuriae Sinogrammatum polygraphicorum interpretatio per Lexeographiam Temuricosemiticam (Neapoli Typis Regiis).
Wikipédia

Pour la petite histoire, Delphine Weulersse est une religieuse chrétienne orthodoxe que les éditions du Cerf présentent ainsi :

Après une licence de russe et un doctorat de chinois en Sorbonne, une année d’étude à l’université de Pékin et quatre au Japon, Delphine Weulersse, mariée et mère de trois enfants, a enseigné la langue et la littérature chinoises classiques pendant près de trente ans à l’université de Paris-VII. […] En 1993, à la suite d’une conversion fulgurante, elle devient orthodoxe au monastère russe de Bussy-en-Othe où elle fera sa profession monastique en 2002 sous le nom d’Anastasia.

Quant à Nicolas Lyssenko, il a auto-édité avec Delphine Weulersse en 1986 une Méthode programmée du chinois moderne.
[5] Étymologie de 國, Chine nouvelle et JAVARY Cyrille J.-D., 100 mots pour comprendre les Chinois, Albin Michel, 2008 p.277 à 279.
Usages du caractère 國 à partir d’une recherche dans Google.
[6] CHENG Anne (sous la direction de), La pensée en Chine aujourd’hui, Folio Gallimard, 2007.
[7] HOCQUENGHEM Guy, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col mao au Rotary, Agone, 1986 et 2003.